Le Livre noir de l'Eglise de la Lumière

Les Editions de Kharanos présentent

Le livre noir de l’Église de la Lumière

Ou comment les ténèbres ont pris le contrôle de l’Église et comment elles infiltrent la Chancellerie


Par Sœur Telyshka Von Tarkin

Avant propos

Il y a des secrets qui n’en sont plus depuis longtemps. Des faits qu’on voudrait oublier mais que personne n’ignore. Des actes qu’on fait mine de ne pas regarder pour ne pas avoir à affronter la honte de notre propre lâcheté. L’Archevêque Benedictus, le chef de l’Église de la Lumière, n’a pas disparu en mission. L’Évêque Farthing n’a pas quitté la cathédrale pour mener une simple enquête. Benedictus était un prophète du marteau du crépuscule, Farthing était son premier lieutenant. L’histoire a une fâcheuse tendance à se répéter et aujourd’hui l’Église de la Lumière se tourne de nouveau dangereusement vers les ténèbres.

La Lumière réside en chacun de nous, dans nos cœurs, dans nos âmes, dans tous les êtres vivants. Elle est le lien qui nous relie en un tout. Elle guérie, elle nettoie et elle protège. Elle ne fait de pas différence en les races, elle est universelle. Elle ne rejette personne, elle accueille tout le monde. Elle ne juge pas et elle ne condamne pas, elle pardonne.

L’Église de la Lumière aujourd’hui juge et condamne. L’église n’accueille plus, elle bannit ceux qui pensent différemment, ceux qui lui déplaisent. L’église est devenue raciste et ne veut plus être universelle. L’église ne guérie plus, elle cherche à nuire. L’église contribue à détruire ce lien qui devrait nous unir. L’église meurtrie nos cœurs et nos âmes.

J’ai quitté l’Église pour pouvoir écrire ce livre, pour pouvoir être libre de dénoncer, pour pouvoir servir la Lumière.

Chapitre I

Opération portes ouvertes

Je suis sœur Telyshka Von Tarkin. Je porte me même nom que mon père, un criminel qui devint volontairement un monstre pour servir les ténèbres et le fléau.  J’ai longtemps dirigé une puissante maison noble de Hurlevent et longtemps été considérée comme une dangereuse intrigante au sein du Royaume. J’ai été accusée d’être la commanditaire de l’assassinat du Chancelier Ozrik, et quelques temps plus tard, j’ai été jugée pour crime de péculat par la Chancelière Farral et forcée de vendre tous mes biens et titres afin de réparer mes fautes et mes négligences envers le Roi.

La lumière m’a sauvé et l’Église de la Lumière m’a offert la rédemption. Elle m’a ouvert ses portes. Elle m’a donné une seconde chance. C’était il y a longtemps. C’était il y a une éternité. Une telle chose ne serait plus possible aujourd’hui. L’Église n’accueille plus et ne pardonne plus.

A l’époque elle accueillait tout le monde. Elle était ouverte à tous et à tous les courants de pensée. L’archevêque Bénédictus était déjà en « mission » depuis longtemps. Les trois grands évêques Hylan, Neheri et Leander étaient encore des références et se battaient comme des chiffonniers pour s’imposer les uns aux autres. Peu de temps avant mon ordination, des Hylanistes, des disciples de l’évêque conservateur, avaient semé la terreur dans Hurlevent. Je décidais de servir l’Évêque réformateur Neheri et celui-ci m’envoya en Nouvelle Draenor pour servir aux soins.

A l’époque, l’Église de la Lumière se restructurait et à se réorganisait. Sœur Archipiade Valdelmar était devenue diacre de l’Évêque Farthing et Sœur Mallicia Remar était entrée au service de l’Évêque DeLavey. Un nouveau prêtre, le père François, s’était attelé à la réécriture des livres de prière. La vision de l’Église et de la Lumière de ce prêtre était très particulière. Il s’attachait à des rites étranges et il priait la Lumière comme il aurait prié un Dieu mais cela ne choquait alors pas grand monde. L’Église était tolérante et elle acceptait avec joie la diversité et tous ceux qui faisait la promotion de la Lumière.

Malheureusement en dépit des efforts de ses diacres et du zélé père François, la cathédrale restait désespérément vide et le clergé qu’on y voyait de temps à autre n’était généralement que de passage. Un nain, le père Bugli, s’offusqua de cela, et réclama du changement. L’Église de la Lumière l’écouta et organisa un Synode : quatre semaines de débats et réunions sur la Lumière.

Ce synode fut un gros bazar. L’Église avait ouvert le Synode à tous les adeptes de la Lumière qu’ils soient ou non de l’Église. Chaque réunion du Synode regroupait près d’une cinquantaine de participants venant d’horizons divers et variés, et d’accord sur presque rien. Les débats pourtant aboutirent à quelques déclarations et décisions importantes. L’universalité de la Lumière fut réaffirmée. La pratique de l’Ombre fut règlementée. L’hérésie écarlate fut confirmée et, à cette occasion, le Chancelier Al-Rakim annonça publiquement devant l'assemblée être écarlate et fier de l’être. Enfin, du Synode émergea l’idée que l’Église de la Lumière avait besoin d’un chef et que c’était à l’ensemble du clergé de l’Église de le choisir.

Cette idée fut à l’origine de l’organisation d’un conclave destiné à élire l’Évêque de Hurlevent. Cette idée devait permettre à l’Église de la Lumière de redevenir le cœur du Royaume. Cette idée devint une porte d’entrée pour les ténèbres.

Chapitre II

Bugli, le nain Évêque de Hurlevent

Je combattais la légion sur les iles brisées lorsque le père Bugli, un nain et paladin de Forgefer fit paraitre dans la presse un article très critique sur l’immobilisme du l’Église de la Lumière et de ses dirigeants. Aujourd’hui il aurait été convoqué, jugé et banni de l’Église pour avoir osé ainsi s’exprimer. Il fut alors entendu et écouté. Un grand synode fut organisé suite à son appel et, peu de temps après, un conclave destiné à nommer un Évêque pour Hurlevent.

Le père Bugli n’était pas un paladin à l’armure rutilante. Il n’était pas un prêtre qui drapé dans une robe immaculée regardait du haut des marches de la cathédrale le peuple de Hurlevent. Il était le fils d’un couple de vendeurs de peaux. Il était mal fagoté. Il parlait mal comme le ferait un homme du peuple. Il était le peuple. Il ne se souciait pas de son apparence, il se préoccupait des petites gens. Il ne jugeait pas, il était ouvert d’esprit, Neheriste diront certains. Il n’était pas dans les grands discours, il était dans l’action. Il fonda un ordre de charité, les compagnons de la Lumière et organisa des ventes de vêtements pour les plus démunis. Il fut à l’origine de la création du refuge de Hurlevent qui deviendrait plus tard la Maison Garde Jour. C’était un vrai fidèle de la Lumière et il ne se déroba pas. Il se présenta au conclave pour devenir Évêque de Hurlevent

Le conclave allait être d’une rare violence.

En effet, si face à lui se présenta un illustre inconnu, se dressa contre lui sœur Archipiade, la diacre de l’Évêque Farthing, la favorite des conservateurs. La prêtresse était l’antithèse de ce qu’il représentait. Le Père Bugli était un nain qui ne ressemblait à rien. Archipiade était une humaine qui rayonnait dans des robes toujours impeccables. Bugli était dans l’action. Archipiade était capable de discourir sur la Lumière durant des heures devant la cathédrale. Bugli se préoccupait du peuple. Archipiade était proche des grands.

La campagne fut longue et dure, mais au final, ce fut Bugli qui fut choisi par les prêtres et les paladins de l’Église de la Lumière après trois tours de scrutin. Il devint le premier nain Évêque de Hurlevent. Il devint un espoir pour tous les fidèles et les croyants de la Lumière. Il devint la première cible des ténèbres et des forces obscures.

Consacré Évêque au 1er jour, du 1er mois de l'année 38, il subit alors attaque sur attaque. Il voulut nommer trois diacres pour l’assister dans sa tâche mais ses opposants conservateurs s’arrangèrent pour décourager tous les candidats de travailler avec lui. Il lança un bulletin destiné à informer les fidèles de ses actions dans l’évêché ; les ennemis de l’Église l’utilisèrent contre lui. Ouvert d'esprit, il ne condamna pas les elfes du vide à leur arrivée dans Hurlevent, il fut accusé d’hérésie. Harcelé par les serviteurs de ténèbres, il finit par perdre la foi et il démissionna de son poste pour s'occuper de sa femme malade. Il quittera quelque temps plus tard définitivement l'Église ayant perdu son lien avec la Lumière.

Au final s’il fut très aimé par l'ensemble de la population, croyante ou non, et marqua les esprits, il ne s’occupa du diocèse de Hurlevent qu’à pleine plus de deux mois. Sa démission fut célébrée comme il se doit par les serviteurs des ténèbres. L’Évêque choisit par le clergé et soutenu par le peuple n’était plus. L’Église était affaiblie. Les forces obscures n’avaient pas encore gagné mais pouvaient de nouveau espérer infiltrer la noble institution.

Chapitre III

Archipiade reprend son dû

Sœur Archipiade avait très mal vécue le conclave et l’élection du père Bugli, l’élection d’un non-humain indigne selon elle de représenter l’Église de la Sainte Lumière. Élevée dans le rigorisme et le classicisme de l’Église de Stratholme, Archipiade était une pure conservatrice, une Hylaniste diront certains.

Mais elle était aussi une grande croyante et une brillante prédicatrice. Sa foi était profonde et son lien avec la Lumière puissant. Avant que le nain devienne Évêque c’est elle qui, en tant que Diacre de l’Évêque Farthing et à travers ses offices, animait la vie spirituelle de Hurlevent. C’est elle qui s’occupait au quotidien des fidèles, qui répondait aux interrogations sur la Lumière des moins fidèles. C’est elle qui faisait le lien avec les autorités du Royaume et l’Église de la Lumière. Pour beaucoup, elle avait l’expérience, la prestance, toutes les qualités pour devenir Évêque de Hurlevent. Elle-même en était persuadée. Elle aurait dû devenir Évêque. C’était sa destinée. Un nain l’avait privé de ce destin mais la Lumière l’avait abandonné lui. Elle ne laisserait personne d’autre reprendre la place qui aurait dû être la sienne dès le départ.

Usant de toute son influence au sein de l’Église mais également auprès de la chancellerie royale, elle lutta dans l’ombre pour que ce soit elle qui prenne la suite de Bugli. C’était loin d’être évidemment d’autant qu’un autre nain, le père Portebière, exigea qu’un nouveau conclave soit convoqué. Il échoua, la prêtresse fut ordonnée Évêque le 14ème jour du 3ème mois de l’an 38 et prit la direction de l’Église à Hurlevent.

Malheureusement, les ténèbres tapies dans l’ombre connaissaient l’histoire secrète de la prêtresse et envahirent lentement son esprit.

Sœur Archipiade était une grande croyante mais c’était aussi la fille de seigneur Valdelmar, un des hauts dignitaires de la croisade écarlate. Elle-même rejoignit la croisade avant retrouver le chemin de la véritable Lumière. A peine au pouvoir, elle commença à montrer un visage autoritaire qu’on ne lui connaissait pas. Écartant les prêtres et les prêtresses trop modérés à son goût, elle s’entoura d’une garde prétorienne de paladins, dont d’anciens écarlates particulièrement extrémistes. Elle décida ensuite de lancer une grande croisade dans le bois de pénombre afin de nettoyer le bois de sa malédiction et d’y installer une enclave consacrée à la Sainte Lumière. Les veilleurs, le clergé de la région et moi-même (je venais de rentrer du front contre la Légion), tentèrent de la modérer, mais elle ignora nos conseils et l’opération tourna à la catastrophe. De plus en plus intolérante, elle imposa ensuite un filtrage à l’entrée dans la cathédrale puis en interdit l’accès aux Rendo’rei. Révoquant l’ancien décret de l’Evêque Bugli tolérant envers nos nouveaux alliés, elle provoqua une vague d’indignation et d’agitation. Une manifestation d’elfes du vide fut organisée devant la cathédrale mais celle-ci termina dans le sang avec l’assassinat du meneur Rendo’rei par un extrémiste de la Lumière. Enfin, elle acheva de perdre la raison en invitant le chancelier écarlate Al-Rakim, à venir célébrer une messe et un mariage hérétique au cœur de la cathédrale.

La quatrième guerre mit un terme à ses folies. Archipiade organisa une dernière bénédiction des troupes et partit en mission. Elle ne revint pas à Hurlevent et bientôt des rumeurs concernant sa mort circulèrent. Les ténèbres et les forces obscures étaient à la manœuvre et étaient enfin prêtes à prendre pied dans l’Église.

Chapitre IV

Eudes entre dans la place

Eudes Bonefoy était un total inconnu lorsqu’il se présenta au conclave. Il réussit néanmoins l’exploit de faire presque jeu égal avec Archipiade. Je ne le connaissais pas alors. Je ne savais pas que son seul but était le pouvoir. J’ignorais qu’il ne servait pas la Lumière mais les ténèbres. J’allais rapidement le découvrir, lui, ses méthodes et ses serviteurs.

La quatrième guerre battait son plein et, à Hurlevent, l’absence prolongée d’Archipiade avait fait naitre des « vocations ». Un paladin, le frère Carter se fit nommer Diacre et tenta de destituer l’évêque. Il échoua mais Eudes vit dans ce frère l’opportunité qui s’offrait à lui. Il proposa à l’ambitieux Diacre de l’élever au titre de Pair et d’en faire le chef des paladins de l’Église en échange de son soutien. Carter était corruptible. Il accepta le marché qui lui avait été proposé. Eudes pouvait se dévoiler. Utilisant un de ses sombres serviteurs, le père Portebière, le nain qui quelques mois auparavant avait demandé la tenue d’un nouveau conclave, Eudes lui fit affirmer preuves à l’appui qu’Archipiade avait été tuée par la Horde. Eudes se proposa alors comme Évêque. Soutenu par le Diacre corrompu, la manœuvre réussit et le 4ème jour du 1er mois de l’an 39, Eudes fut ordonné Évêque de Hurlevent.

Il était dans la place et avec lui les ténèbres. Il ne la lâcherait plus.

Il n’avait néanmoins pas encore tous les pouvoirs. En tant qu’Évêque de Hurlevent, Eudes dirigeait l’Église dans la ville, mais pas l’Église de la Lumière dans son ensemble. Comme Évêque il était seulement censé enseigner et transmettre les principes de la Lumière, organiser des manifestations religieuses à Hurlevent et s’assurer du bon fonctionnement de la cathédrale. Il voulait évidemment bien plus. Il servait les ténèbres et c’est le pouvoir sur l’Église qu’il visait.

Pour cela, il commença à éliminer quelques hauts-prélats gênant dans sa quête du pouvoir. Peu de temps après son ordination, le haut prélat de la Marche de l’Ouest, l’Évêque Philippe, mourut dans des circonstances peu claires. Quelques jours après l’Évêque André, le haut prélat des Carmines, fut accusé de pratique de magie douteuse et destitué. Enfin le puissant Évêque Hylan, lui-même fit l’objet d’une enquête. Les évêques du conseil craignant pour leur position ne purent résister longtemps à l’offensive de l’Évêque de Hurlevent. Ils furent contraints de se mettre en retrait et d’accepter une réforme qui faisait d’Eudes le véritable chef de l’Église. La réforme en douze points donnait à Eudes, l’Évêque du « Premier diocèse de l’Église », le pouvoir de fixer la politique et les orientations spirituelles de l’Église. Elle le nommait président d’un collège composé de hauts-prélats qu’il nommerait. Enfin, elle lui donnait le pouvoir de condamner d’interdit tout fidèle ou toute organisation ne respectant pas les valeurs de l’Église, soit en d’autres termes le pouvoir d’éliminer tous ceux qui tenterait de se mettre en travers de sa route.

La réforme lorsqu’elle fut annoncée ne provoqua pas le scandale auquel on aurait pu s’attendre. Nous étions en pleine guerre et l’attention n’était pas tournée vers la cathédrale de la Lumière. Eudes en profita pour consolider plus encore son emprise sur l’Église. Comme il l’avait fait avec Carter, méthodiquement et progressivement il s’entoura de prélats avides de titres et de pouvoir. Il les promut, leur offrit des diocèses et, une fois assuré de leur fidélité, en fit des membres du collège de l’Église. Sœur Mallicia Remar, la Diacre de l’Évêque DeLavey, fut l’une des premières à se faire corrompre. Elle fut promue Grande-Prêtresse, et devint la plus fidèle et la plus sombre servante d’Eudes. Les ténèbres avaient pris le contrôle de l’Église et elles comptaient bien le garder.

Chapitre V

Le putsch manqué de l’an 39

Ne pas se soucier de la Lumière et bafouer ses principes fondamentaux lorsqu’on appartient à l’Église du même nom, peut vous jouer des tours, même pour un serviteur des ténèbres. A force de vouloir promouvoir n’importe quel prêtre corrompu ou n’importe quelle sombre organisation disposée à le servir avec fidélité, Eudes faillit être renversé.

Tout commença dans le nord lorsque son âme damnée, le prêtre nain Portebière, présenta à Eudes un puissant ordre d’anciens Écarlates disposés à servir ses sombres desseins, l’ordre de Ferren. Comprenant l’intérêt qu’il y avait à recruter ces nouveaux fidèles autour de lui, il envoya deux paladins négocier leur ralliement. Malheureusement parmi ces paladins se trouvait une grande fidèle de la Lumière, une femme incorruptible au fort caractère, la protectrice Victoria Von Pelt. Celle-ci découvrit que les paladins et prêtres de cet ordre étaient toujours d’authentiques Écarlates, que leur livre de chevet était « La véritable Lumière », un odieux écrit hérétique et que leur chef spirituel n’était autre que l’ancien Archevêque Écarlate, le criminel Amann Smith. Sa révélation fit réagir nombres de prélat, mais Eudes qui ne voulait pas se passer de tels criminels, ne désarma pas. Pour dédouaner ses sombres alliés il organisa un procès truqué destiné à absoudre ses nouveaux serviteurs en faisant porter tous leurs crimes sur le seul Amann Smith. L’opération réussit mais par un malheureux concours de circonstance, on découvrit durant le procès qu’un fidèle chevalier de l’Église et un glorieux paladin, Gaelion Leonem, avaient envoyé à la mort des déserteurs écarlates en les livrant à leur ancien ordre. Eudes, y vit une opportunité d’affirmer et montrer son nouveau pouvoir. Il organisa deux nouveaux procès et, dans la foulée, il déchut le célèbre paladin de son titre. Ce jugement et cette déchéance provoqua cette fois-ci un immense tollé. Le paladin était un grand croyant connu de tous et au-dessus de tout soupçon. La presse s’empara de l’affaire. Des clercs de tout horizon crièrent au scandale. Le célèbre Trasah Arrington demanda l’annulation pur et simple du procès. Victoria Von Pelt exigea la démission de l’Eudes et se mit en retrait de l’Église en signe de protestation. La colère déborda de l’Église et commença à enflammer la ville tout entière de Hurlevent. Eudes comprenant qu’il pouvait tout perdre, joua son va-tout. Il remit son mandat entre les mains des prêtres et des paladins de Hurlevent.  

C’est alors qu’Archipiade, bien vivante, refit son apparition à la Cathédrale de la Lumière.

Le retour de la haute-prélat aurait pu être fatal à Eudes. Il l’avait déclarée morte pour pouvoir devenir Évêque et sa sombre manipulation éclatait aux yeux de tous. Mais paradoxalement, la réapparition d’Archipiade le sauva. En effet les ténèbres obscurcissaient toujours l’esprit de l’ancienne écarlate. Folle de rage et assoiffée de vengeance, elle perdit tout sens commun. Pensant qu’elle était Archevêque, la revenante annonça révoquer Eudes par sa seule et unique volonté et annonça la destruction de tout ce qui avait pu être fait après elle. Elle s’autoproclama « grande médiatrice de l’Église » et convoqua une réunion de toute l’Église.

La grande réunion eut lieu. De par son comportement et ses folles déclarations Archipiade était devenue la meilleure alliée de Eudes. Le sombre Évêque l’avait bien compris. Comme il l’avait espéré les prêtres et les paladins de l’Église de tout bord se mobilisèrent en nombre pour éviter que l’ancienne Évêque de Hurlevent reprenne le pouvoir et que, dans sa folie, elle détruise tout ce que l’Église avait pu construire. En début de réunion, Archipiade fut contrainte d’abandonner son rôle de « médiatrice » et, à l’issu des débats et des votes, Eudes fut confirmé dans ses fonctions. Eudes avait gagné et avec lui les ténèbres. Il ne lui restait plus qu’à confirmer sa sombre domination de l’Église au prochain conclave.

Chapitre VI

La purge des opposants

Je venais de rentrer du front et avais repris la direction du Refuge de Hurlevent, lorsque Eudes fut ordonné Évêque. Je fis sa connaissance quelques jours plus tard lorsqu’il me convoqua dans son bureau. Je connaissais les ténèbres, je compris tout de suite qui il était. Il sut immédiatement que j’avais lu en lui et que je le combattrais sans relâche.

La ville était alors submergée par le flot des réfugiés darnassien et, pour pouvoir répondre à l’urgence sanitaire, j’avais commencé à m’atteler au redressement du prestigieux du refuge fondé durant la mandature de l’Évêque Bugli. Un soir où j’organisais une grande soirée caritative pour pouvoir avoir les moyens de nos ambitions, Eudes m’ordonna de dissoudre le Refuge de Hurlevent et de le fusionner au sein d’une nouvelle institution. Je deviendrai l’adjointe d’une nouvelle directrice et je devrai lui remettre tous les dons que j’avais récolté. Il espérait sans doute en me rétrogradant affaiblir une opposante. J’y vis une chance de servir la Lumière.

La nouvelle directrice était une ancienne du refuge de Hurlevent, une pandaren au grand cœur, Lae’sha Brume-Eclair. Nous devînmes immédiatement amies et fondèrent ensemble la Maison Garde-Jour. Je rédigeai les statuts de la maison sur les bases de la philosophie neheriste et Lae’sha recruta les grands médecins qui feront la réputation de l’institution. Le nouveau refuge-dispensaire de la ville, connut dès lors le succès que l’on connait. Accueillant toutes personnes nécessiteuses, sans distinction de sa race, de profession et d’affiliation, la maison soignait et soulageait sans juger tous ceux qui se présentaient devant ses portes. Le succès de la Maison Garde-Jour, « de ce nid de neheristes », devint vite insupportable à Eudes.

Il ordonna que je sois renvoyée au front et nomma à ma place sa fidèle sombre servante, la Grande-Prêtresse Mallicia. « L’éducation » religieuse Lae’Sha, qui entre temps s’était convertie à l’Église de la Lumière, fut confiée à un paladin particulièrement rigide et intransigeant. Quelques semaines plus tard la pandaren disparut dans des circonstances troubles. Il ne s'arrêta pas là, afin de mettre au pas la Maison Garde-Jour, Eudes arrêta de financer le refuge-dispensaire et confisqua les dons destinés à la maison (2103,66 dorées !). Comme la nouvelle direction composée de Sœur Miaarhi et du Frère Salamander ne cédait toujours pas, Eudes décida de procéder comme il avait fait avec le Refuge de Hurlevent, de dissoudre la Maison Garde-Jour dans une nouvelle organisation ; l’Abbaye de l’Albâtre. Je décidais alors de me présenter contre Eudes au conclave.

Mon histoire, mon nom et ma réputation étant ce qu’ils étaient, mes chances étaient minces mais je n’avais pas d’autres choix. S’il y avait une possibilité de libérer l’Église de la corruption d’Eudes, je devais la prendre. Mes chances étaient minces mais Eudes et ses sombres serviteurs prirent peur malgré tout. Pour ne pas s’exposer Eudes préféra rester dans l’ombre et présenta contre moi, un de ses plus vieux fidèles, le père Vianney. Il lança un journal la « Sérénade du pavé » tout entier acquis à sa cause. Il changea le mode de scrutin. Il s’arrangea pour que la Grande Prêtresse Mallicia supervise les votes. Il mobilisa ses troupes en les faisant massivement voter par procuration (le jour du conclave près de 50% des votes le seront par procuration). Malgré cela il ne l’emporta que parce que les prêtres et paladins de la Maison Garde-Jour choqués par les manœuvres d’Eudes décidèrent au dernier moment ne pas participer au vote pour ne pas apporter leur caution au processus.

Vianney devint le nouvel évêque de Hurlevent. Peu de temps après, je fus jugée pour avoir organiser une conférence pour la paix et je dus quitter l’Église. Les ténèbres n’avaient plus d’opposants au sein de l’Église. Elles avaient gagné en prime le soutien de la chancellerie…

Chapitre VII

Une Chancellerie infiltrée

La chancellerie représente de Roi et, par sa volonté, elle concentre tous les pouvoirs. Elle écrit les lois, elle rend la justice et elle dirige tout et toute chose. Au travers de la Garde, son bras armé, elle est l’exécutif incontesté et incontestable. Année après année, elle affirme sa force et sa suprématie. Hier, elle ne s’occupait que des délits. Aujourd’hui elle régule le commerce, distribue des médailles et censure ceux qui lui déplaisent. Sans contre-pouvoir, elle régit, décide de tout, et évidemment exerce son influence sur l’Église de la Lumière.

Si officiellement la chancellerie ne se mêle pas des affaires spirituelles, dans les faits elle s’est impliquée dans tous les grands évènements de l’Église. En l’an 37, son chancelier écarlate participera au synode. La même année, sa garde sécurisera le premier conclave. En 38, elle soutiendra le Diacre Carter lors de sa tentative de prise de contrôle de l’Église. En 39, ses deux chanceliers présideront la « grande réunion » de l’Église voulut par Archipiade. En 40, elle expropriera l’Église en faveur de la Maison Garde Jour. Enfin, elle aidera activement la Grande-Prêtresse Mallicia à construire son dossier et son accusation contre moi. Nous sommes loin de la neutralité affichée.

L’Église a en réalité toujours eu de l’importance pour la Chancellerie. Au-delà du fait que l’Archevêque Benedictus fut longtemps le conseiller du Roi Varian et que le Roi Anduin reçut une éducation de prêtre, un clerc de l’Église de la Lumière, Ozrik, dirigea la Chancellerie. A la mort de ce dernier en l’an 33, conformément à ses volontés, il fut décidé que le chancelier serait élu par le clergé et la noblesse de Hurlevent. Si à l’époque l’Église, totalement désorganisée, ne représentait pas une menace pour la chancellerie, elle le deviendra quelques années plus tard. En effet, lors de la deuxième élection de l’an 39, Archipiade était Évêque et, en mobilisant ses nombreux clercs, elle aurait pu théoriquement choisir le chancelier. Pour éviter cela, le processus électoral fut modifié et la base des votants élargie. Archipiade criera au scandale et boycottera l’élection mais en vain. L’Église n’aura pas la moindre influence sur ce vote.

Elle devrait de nouveau revenir au centre du jeu dans l’avenir. Eudes prépare en effet dès à présent à la prochaine élection de la chancellerie avec la ferme intention de faire élire un de ses sombres fidèles. Pour l’emporter, il compte bien sûr mobiliser l’ensemble de clercs de l’Église mais il prévoie également de s’appuyer sur les individus qu’il a placés ou corrompus au sein de l’administration royale. Depuis longtemps en effet, grâce à Carter, qui est très proche de certains officiers de la Garde, il est informé de tout et manipule discrètement les opinions. A la chancellerie, il plaça un de ses proches, Archibald Von Papensbrück. Malheureusement, le vieux conseiller fut renvoyé pour manque d’assiduité au travail. Par chance, la conférence pour la paix, a donné à Eudes une nouvelle occasion de se rapprocher de la chancellerie. L’évènement lui a donné un prétexte pour me condamner publiquement et de revenir ainsi en grâce auprès de la puissante institution royale. Il ne lui reste plus qu’à consolider patiemment sa position et à préparer l’élection.

Certain me diront qu’il n’est pas possible qu’un personnage aussi sombre et corrompu que l’Évêque puisse devenir un jour Chancelier, que le Roi ne laissera jamais faire une telle chose, que les procédures de chancellerie la protègent des manipulations et des tromperies. L’histoire montre malheureusement que la chancellerie n’est pas à l’abri des ténèbres. Sans remonter au Haut-Chancelier Amon de Edenblow, il suffit de regarder le parcours de certains de nos chanceliers pour comprendre qu’avec les bons soutiens, un criminel peut accéder au pouvoir. Le Chancelier Al-Rakim ne fut jamais élu et fut fier de se présenter comme un authentique Écarlate, un ordre criminel bafouant la religion officielle, selon la définition de l’Article CR-8 du code des délits & crimes du Royaume. Pourtant il dirigea la ville durant plus de cinq années. C’était un ancien de la garde. Le Chancelier Walter, lui non plus pas élu, ne fut pas toujours un militaire et marin au service de l’Alliance comme il aime à le faire croire. Dans sa biographie, il oublie bien volontiers de parler de sa carrière au sein du Cartel des canaux, une organisation criminelle alliée au Fléau. Un jour, il m’avoua pourtant avoir rencontrer mon monstre de père, le Baron Von Tarkin, et avoir participé à une réunion secrète d’allégeance du cartel faites aux chevaliers de la mort du Fléau. La garde était au courant de cela mais lui aurait pardonné. Depuis l’assassinat d’Ozrik, il n’est en effet plus besoin d’être un fidèle de la Lumière pour être à la tête de la chancellerie.  

Épilogue

L’Église est-elle définitivement perdue ? Tant que Lumière demeurera dans nos cœurs, il restera un espoir de voir les ténèbres chassées de la cathédrale. Pour autant, il ne faut pas non plus se bercer d’illusion, il faudra du temps à la Lumière pour vaincre les ténèbres.

La dernière réforme mis en place par Eudes a été en effet conçue pour lui assurer une longue et durable domination sur l’Église. Cette réforme, qui fait en apparence la promotion d’une gouvernance collégiale ouverte, bloque et exclut en réalité tout prêtre ou paladin qui ne se soumettrait pas à l’Évêque et ses sombres serviteurs. Le conclave, le processus électoral permettant potentiellement un renouvellement de la direction de l’Église, a été supprimé, car trop risqué pour Eudes. Désormais, les Évêques seront choisis pas le Collège de l’Église. Ce seront donc désormais les haut-prélats corrompus qu’Eudes a promus et nommés qui décideront des prochains évêques et qui dirigeront l’Église. Le collège sera bien entendu toujours strictement interdit à tous ceux qui ne se soumettrons pas aux ténèbres. Pour devenir membre du Collège de l’Église, il faudra en effet être coopté par ses membres. J’ai eu beau récolté un quart des votes lors du dernier conclave, avoir été directrice du Refuge de Hurlevent, avoir fondé la Maison Garde Jour, représenter un important courant de pensée au sein de l’Église, Eudes m’a toujours refusé l’entrée au Collège. Seule opposante au milieu de ses fidèles, ma voix n’aurait pourtant pas pu avoir la moindre portée, mais le collège n’a pas vocation à promouvoir la diversité d’opinion mais bien à assurer un pouvoir sans partage à Eudes. Pour ceux qui en douteraient, je les invite à assister à une séance du Collège en tant que spectateur (car il s’agit bien d’un spectacle préparé à l’avance). La Grande-Prêtresse Mallicia préside les séances et présente les projets à voter qui ont été rédigés par Eudes. Les hauts-prélats les trouvent généralement formidables. Si jamais ils s’interrogent sur un point du projet, l’Évêque Vianney prend alors la parole et leur explique pourquoi il faut voter le point en question. Le projet est dans la foulée soumis aux votes et approuvé à l’unanimité. Le système est bien rodé et parfaitement sous contrôle.

Quel espace de liberté et quel espoir reste-t-il dès lors pour les prêtres et paladins restés fidèles à la Lumière ? Ils peuvent baisser la tête, se faire discret et servir la Lumière sans faire de vague en espérant ne pas se faire trop remarquer par le Collège. Ils peuvent aussi décider d’entrer en résistance. Comme on l’a vu, s’opposer à Eudes et ses sombres fidèles les exposent à des représailles, des procès et des bannissements. Depuis qu’il est Évêque, Eudes a organisé plus de procès qu’il n’a organisé d’évènements caritatifs ou de célébrations de la Lumière dans la cathédrale. S’opposer à Eudes est périlleux et nécessite donc un minimum de protection. Cette protection l’Évêque Arthur et la Grande Prêtresse Laurena peuvent néanmoins l’apporter. Ces deux hauts-prélats, les garants de l’Église, accueilleront toujours les prêtres et les paladins se mettant directement sous leur autorité. Trasah Arrington, Victoria Von Pelt, les clercs de la Maison Garde-Jour et beaucoup d’autres y ont trouvé un excellent bouclier. Se protéger c’est bien, mais combattre les ténèbres c’est mieux. Ce combat ne peut s’entendre que dans l’action. Lutter pour la Lumière c’est organiser des évènements, c’est multiplier des célébrations, c’est aller au contact des fidèles, c’est étudier les textes et rédiger des prières, c’est aider les pauvres et les miséreux, c’est soigner les blessés et les malades, c’est promouvoir la paix. C’est un travail de tous les jours long et ingrat, un travail qui demande respect, ténacité, et compassion. Un travail que les ennemis de la Lumière sont incapables de faire car ils ne possèdent aucune de ces vertus.